Brésil: Un périple de 1700km en stop sur la Transamazonienne
L’itinéraire en résumé :
Après notre excursion de dix jours dans la campagne tropicale si
particulière du Nord Ouest du Brésil (voir l'article sur notre boucle à pied vers le rio Tapajos), nous sommes de retour sur la route, à
Trairaõ.
Ici, il n'y a pas vraiment de choix, il n'y a qu'une route, délimitée
de chaque coté par les barrières à bétail des fazendas (nom des fermes au
Brésil) et qui se suivent sans interruption.
En 17 jours, nous parcourons 1700km. Notre
prochaine destination Palmas, une jolie ville de l'état du Tocantins qui marque le début de la partie plus développée du Brésil. En attendant, beaucoup d'aventures et d'imprévus, de rencontres et de véhicules différents.
Le récit
Remarque : vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir
Ce nouveau chapitre dans notre voyage commence par un faux départ.
De retour de notre boucle vers le rio Tapajos, nous sommes arrivés à 12h à Trairaõ, tout juste partis de la fazenda spartiate de Yoto et Laura, nous
décidons de faire un hôtel et un restaurant pour rattraper notre
manque de confort.
Nous trouvons refuge dans l'hôtel "dos Irmanos" où on nous donne une
chambre avec deux lits simples, des sanitaires communs et une minuscule
fenêtre, le tout pour 80 réals (13 euros environ). Les chiens dorment dans
la chambre tandis que nous remplissons nos estomacs car même si nous
avions bien mangé dans la fazenda de Yoto et Laura, nous avions envie de plus pour satisfaire notre gourmandise. Et comme nous avons les yeux plus gros que le ventre nous allons dans un restaurant
brésilien de buffet à volonté, typique d'ici.
Le soir, on vient frapper à notre porte. Deux femmes demandent si elles peuvent voir notre grand chien, nous sommes très surpris, pourquoi deux
filles que nous n'avons jamais vu nous supplient pratiquement de voir
notre grand chien. Nous ne savons pas à ce moment là qu'elles sont de l'hôtel mais nous laissons Roche sortir. Vient ensuite les grandes exclamations d'amour, les grosses caresses, "que lindo, que lindo!" (que tu es joli!...), Roche est au paradis.
Ensuite, nous comprenons qu'on les as prévenues de notre présence, deux
étrangers avec trois chiens dont un grand blanc aux poils longs. elles sont deux sœurs et gère l'hôtel et Roche apparait toujours autant exotique ici....
Le lendemain, je ne me sens pas bien, je suis cassée par un état grippal
que je soupçonne d'être dû à la climatisation. Nous essayons tout de même
le stop, mais pour moi il est difficile de rester debout. On est le 30
décembre 2021.
À 12h, nous lâchons l'affaire, nous retournons à l'hôtel où nous sommes
de nouveau accueillis chaleureusement par les deux sœurs qui nous offrent des
pommes et des poires et une chambre au rez-de-chaussée avec un
lit double et des sanitaires privés, pour le même prix. Par contre, la chambre est très humide
et sans fenêtre mais nous n'osons pas nous plaindre.
Bien sûr, je passe le reste de la journée à me reposer avec l'aide d'un
Doliprane.
Dans ce type d'hôtel très familial, nous avons accès à leur cuisine et ils
partagent même volontiers leur nourriture avec nous.
C'est pratique ça nous
évite d'allumer le réchaud à essence dans la chambre et nous évite de payer un restaurant. Ici, au Brésil, il n'y a pas de
détecteur de fumée, mais c'est bruyant et nous craignons toujours de nous
faire repérer quand nous le faisons.
Le lendemain, je vais mieux et nous obtenons assez rapidement une voiture
pour nous ramener au Km30 (là où nous avions été accueillis par l'église qui nous avait prêter une maison neuve pour la nuit, voir l'article précédent). De là, nous marchons pour avancer un peu plus, on est le 31 décembre 2021 et nous aimerions arriver à une ville pour le réveillon. À
13h, pour la pause déjeuner, nous profitons du confort suprême de pouvoir s'asseoir sur des bancs et non en tailleur au sol. Nous sommes à l'abri, sous le porche d'un bâtiment d'une église semblant à l'abandon sur le bord de la piste. L'après-midi nous continuons le stop
en statique près de l'église qui ferait un bon camp le soir si nous restons bredouille.
Nous allions abandonner pour la journée, à 16h, notamment car mes
étourdissements et ma migraine était revenue, quand une voiture s'arrête.
Elle nous emmène à la prochaine ville. Nous allons donc pouvoir fêter le
nouvel an à l'hôtel et en ville! Par contre le trajet est à bord d'une petite
remorque tractée derrière la voiture. La sécurité s'est fait la malle... Ça secoue et les gros trous de la piste n'arrangent rien. Les
suspensions de ces remorques sont moins efficaces que celles des 4X4, après cette expérimentation, c'est certain.
Arrivés à la ville en question, Ruropolis, nous allons à l'hôtel Los Pires: 120 real la nuit et ok pour
les chiens. La chambre est la plus propre que nous ayons eu pour le moment
au Bresil! Il y a une belle place avec un parc en face, qui a l'air animé
pour le nouvel an. Nous sommes ravis de la tournure des évènements pour
cette journée, après beaucoup d'attente, le réconfort.
La soirée du nouvel an se passe sans grande cérémonie, l'ambiance au parc
est bonne enfant.
Construction et vétérinaire???! |
Le lendemain, le premier jour de 2022, nous repartons, continuant notre route comme si de rien était
et sans plus de fêtes, pour nous les fêtes ne sont pas une priorité en voyage loin de notre famille.
En ce premier jour de l'année, une seule voiture s'arrête pour nous, et
seulement pour nous conduire 12 km plus loin mais c'est déjà ça.
À 16h30, une autre église accompagnée de bâtiments ouverts croise notre
chemin. Nous montons le camp à l'abri du porche. C'est un plaisir : ne
mettre que la moustiquaire et être sur un sol en dur et non boueux.
Le seule eau que nous trouvons est celle du fond des cuves qui sont perchées
à 4m de haut et un tantinet croupissante. Un détail. Une fois récupérée,
elle se prêtera parfaitement pour notre douche et pour nous hydrater après
filtration. Pour la récupérer nous faisons quelques acrobaties, il faut
monter à une échelle en bois, mais ça se fait bien. Par contre, nous
récupérons que 4L donc nous faisons une douche de chat avec nos microfibres
et le reste nous le gardons pour notre cuisine et pour la boire. Heureusement
pour les chiens, il y a des flaques.
Personne ne vient par ici sauf deux amoureux qui arrive à moto vers 23h en
quête de tranquillité pour leur ébats et repartent quelque temps plus tard
en rigolant.
La journée suivante marque le retour de notre routine, mais la destination se
rapproche trop doucement à notre gout. Nous avançons de quelques dizaines de
kilomètres par jour sur une piste infinie et monotone et nous traversons les
villages et autres villes sans y voir beaucoup de choses.
Le chemin est ponctué de rencontres comme cet homme, qui vient pour
apporter de ses restes de cuisine à nos chiens. Artic, Arenita et Roche
sont ravis de manger de cette nourriture diversifiée. Ce n'est pas tous les jours qu'ils mangent de la ration ménagère. Cette nourriture il l'a
donne également aux chiens qui trainent dans ce village.
Il y a eu cet homme qui nous a sifflé depuis son magasin alors que nous
sortions d'Altamira, et qui nous a gentiment offert une chambre avec une
salle de bain chez lui. Sa femme, Rosaly très remontée contre son
mari au début, nous offre une vraie scène de ménage. Elle disait quelque chose comme
" Pourquoi as-tu accueillis deux inconnus avec trois chiens?". Elle était
très inquiète à cause des chiens, elle avait peur qu'ils mordent. Et puis
au Brésil, les personnes qui voyagent avec un sac à dos sont vu comme des
hippies ou des SDF et encore plus avec des chiens. Puis, malgré la
barrière de la langue, nous avons fait connaissance, et de glace elle est
devenue chaleureuse. Notre âge, le fait que nous soyons français,
l'éducation de nos chiens, et tout le chemin que nous avions parcouru,
était pour elle comme un don du ciel et le fait qu'on soit chez elle ce soir-là,
comme une épreuve de sa bonté et de son hospitalité donnée par Dieu ou Jésus. Rosaly
est une femme exubérante et très croyante, et d'ailleurs pendant le
repas elle a sorti sa guitare pour nous chanter un petit air d'église
plein de joie. La chanson parlait de Jésus pour sûr, pour le reste,
mystère, mais beaucoup de Jésus.
Encore une fois, la coutume d'ici était de laisser manger les invités
avant. Mais cette fois-ci Rosaly nous as quand même tenu compagnie, et
avec sa chanson, ce repas reste un moment gravé dans notre esprit.
Un moment à part.
Il y a aussi de ces choses énigmatiques vue en chemin. Comme cet hôtel
en forme de château avec cette énorme statue de légionnaire.
Il y a cette rivière à laquelle nous sommes arrivés à 15h tapantes et où, d'un arbre pendait une corde avec un bout de bois pour se balancer dans
l'eau. Un moment de joie qui avait mis du baume sur nos cœurs déprimés de
n'avoir eu qu'une voiture pour 12 km ce jour-là.
Ce soir-là,
malgré le feu de camp, nous sommes mangés par les moustiques et des
espèces de mini taon, qui provoquent des boutons qui démangent beaucoup et
avec une goutte de sang au centre. Après le diner
et comme il est encore tôt, environ 20h, le soleil se couche vers 18h40
ici, nous décidons de regarder un film, Star Wars 6.
C'est le moment de détente et l'avantage procuré par le fait de se
trimballer des ordis pour travailler. Sauf que la météo en décide autrement
ce soir là. Un orage éclate, le bruit de celui-ci et surtout celui des
grosses gouttes de pluie qui percutent la toile de tente font un vacarme
suffisant pour recouvrir le son du film. Tant pis, le film sera pour une autre fois, c'est la nature qui décide en fin de compte...
Le jour suivant, alors que nous déjeunions dans un village, nous avons
aperçu une chienne assez jeune avec une sale blessure à l'épaule. Elle avait
l'air d'être un minimum soignée par quelqu'un car il y avait un produit violet sur
l'ensemble de la blessure. Mais nous avons quand même voulu mener notre
petite enquête afin de s'assurer qu'elle avait bien quelqu'un qui s'occupait
d'elle et la nourrissait. Nous avons fini par trouver, c'est un gamin du
coin avec son groupe d'amis qui sont venus nous voir et ils nous ont
expliqué que c'était une panthère qui lui avait fait cette blessure.
Il y a eu cette fois où nous marchions sur le bord de la route et que le
revêtement sombre était trop brulant alors nous avions mis les bottines
aux chiens. La route goudronnée a des inconvénients que les pistes en terre rouge n'avaient
pas. La transamazonienne ne devient de la route qu'à partir de la ville
nommée Altamira, soit 500km après Trairaõ. En majorité en tout cas, car il y a
toujours des portions de route qui sont encore de la piste chaotique.
Heureusement qu'il y a beaucoup d'eau au Brésil, sinon les chiens surchaufferaient. Mais heureusement, ils peuvent se rafraichir fréquemment et ils profitent de chaque occasion.
Il y a aussi eu cette superbe famille qui nous a accueilli le 9 janvier chez
eux. Nous passions devant leur maison alors que nous étions fatigués, trempés et la pluie ne s'arrêtait pas et puis ça faisait 9 jours d'affilé que nous
étions sur la route. Alors, nous nous sommes approchés et nous les avons vu
allongés dans des hamacs. Nous les avons timidement hélés depuis la barrière à une
dizaine mètres de la maison. Ils étaient un peu suspicieux au début, mais quelques
explications et une présentation ont suffit à briser la glace. Ils ont une
maisonnette en travaux à nous prêter pour la nuit. C'est parfait, nous sommes ravis. La maisonnette en travaux sert actuellement
de zone de croissance à de jolies plantes alors nous sommes bien entourés.
Nous passons la soirée avec eux, le couple, leur fils et leur fille, à
discuter de la France, du Brésil, à comparer les mots français et portugais. Toute la
famille à l'air ravie de la rencontre. Ils sont très curieux et nous aussi,
c'est une des fois où le courant est le mieux passé.
Nous ne repartons que vers 11h le lendemain, la maman nous a offert un généreux
petit déjeuner . C'est quelque chose que nous
goutons pour la première fois, typique d'ici pourtant, des crêpes de Tapioca
avec un peu de fromage dedans. Mais le meilleur est le thé à la cannelle
bien chaud et bien sucré, un délice!
Après cette famille, nous arrivons enfin à Anapu, une ville moyenne à la
moitié du chemin entre le km30 et Marabá, la grande ville marquant le
début de la route vers le Sud. Nous n'arrivons pas à repartir d'Anapu le
jour même alors nous prenons une chambre d'hôtel. Pour nous
remonter le moral après la dure de semaine de stop en mode saut de puce
et des longues heures d'attente, nous nous achetons des chocolats et des
pizzas. Les pizzas même si elles étaient assez bonnes n'étaient pas très cuites et nous ont rendu un
peu malade...
Pour 100 réals la nuit (13 euros) avec le petit déjeuner c'est un bon prix. Le
matin nous mangeons pour la journée avec le buffet à volonté : jus,
gâteaux, pain, fromage, jambon, machine à croque-monsieur, œufs, crêpes de tapioca...
Avant de repartir de cette ville, nous rachetons des croquettes, et
comme Arenita est la plus difficile, elle est venue dans le magasin pour
choisir elle-même les croquettes qu'elle préfère. Grâce aux distributeur
en vrac, le vendeur lui fait gouter tout et au final son choix se porte
sur les moins appétissante selon moi, des minuscules croquettes
multicolores. Enfin bon, c'est la reine qui choisi.
En reprenant la route, nous nous retrouvons à midi à faire du stop au
niveau d'un restaurant tout seul sur la route. C'est une famille qui s'y
était arrêté pour manger qui nous prend en stop après 3 heures d'attente.
Mais oh miracle, il vont jusqu'à Novo Repartimento, une ville 180km
plus loin! Tous installés dans la benne du 4x4, nous sommes heureux
malgré les secousses, heureux du vent qui souffle dans nos cheveux, qui
nous rend euphoriques, heureux de voir le paysage défiler longuement, et
heureux d'être porté dans une voiture.
Lorsque nous arrivons en ville, nous devons faire preuve de persuasion
avec les jeunes de l'accueil du quatrième hôtel que nous essayons, pour
qu'il nous acceptent avec trois chiens mais l'effet gros patou Roche
fait toujours son effet. Encore une chambre sans fenêtre mais un petit
déjeuner énorme.
La personne qui croise notre chemin le lendemain matin est un
homme au traits typiques des indigènes, et au volant d'un petit pick up
Fiat à ras le sol et un peu déglingué. La porte de la benne ne tient pas
fermé, et après une secousse je l'ai sentie s'ouvrir dans mon dos. Sueur
froide. Nous la replaçons au mieux tandis que notre chauffeur continue sa route sans se rendre compte de rien. Je me décale pour m'adosser à une
paroi moins instable.
Cet homme nous emmènera assez loin tout en nous faisant profiter du tour
au coeur de terres indigènes Parakana qu'il effectuait ce matin là. Une expérience
inattendue pour nous et ce fut un moment exceptionnel.
Nous avons été dans trois villages différents. À chaque fois, nous quittons la route principale et passons un
portail qui marque l'entrée en territoire indigène. La piste s'enfonce dans la foret tropicale plus ou
moins loin avant d'arriver à un petit village constitué de huttes avec
des toits en torchis. L'endroit se rempli d'enfants ou de jeunes accompagnés de
bambins et de bébés.
Voir de nos propres yeux ces peuples était un
privilège et je n'ai pas fait de photos, cela m'aurait donné
l'impression que je les prenais pour une attraction touristique. Non pas besoin de photo, juste des échanges de regards qui ont construit comme des pont éphémères, intangibles, fait de nuages et donc infranchissables, entre eux et nous. Plus que des yeux qui se croisent et qui resterons gravés dans mon esprit, nos vies se sont croisées .
Nous
sommes restés tout le long dans la benne du 4x4 car notre conducteur ne
faisait que de court arrêts. À chaque fois cependant la meme scène se
jouait. Tous ces enfants à moitié nus, parmi lesquels des jeunes filles sont
déjà maman ou bien enceinte, viennent, ils entourent le 4X4 et nous
observent silencieusement de leur grand yeux curieux.
Peu de mots sont échangés, en
réalité c'est plutot le silence, nous n'osons rien dire et à vrai dire
je ne sais pas ce que nous aurions pu dire.
C'est fou de se dire qu'ils vivent là à quelques kilomètre de nous mais
d'une façon aussi différente. C'était irréel, comme un voyage dans le
temps. Nous savons qu'il reste des peuples indigènes et qu'il y
en a d'autres encore plus reculés et parfois même sans contact avec la
civilisation mondialisée d'aujourd'hui, néanmoins, le constater donne une
autre dimension à cet état de fait.
Il nous dépose à un petit restaurant sur le bord de la route, où à mon
grand soulagement il y a des toilettes propre avec un lavabo et du
savon. Après un passage obliger pour des questions de féminité, nous
reprenons le stop sur cette route assez déserte et tandis que je
sort mon carnet pour y écrire en attendant la voiture salvatrice,
celle-ci arrive justement. Elle prend la forme d'une petite citadine
conduite par un jeune comme nous accompagné de son ami. Il vont
justement à notre destination, Marabá. Grâce à eux nous y arrivons à 14h.
Nous y restons deux jours afin de pouvoir faire quelques achats. Marabá est
une assez grande ville de province, bruyante et peu riche. Nous y avons été accueilli par une dame qui s'est arrêté pour venir nous parler. Elle avait été interloquée par notre allure et nos trois chiens. On découvre qu'elle fait partie d'un groupe qui s'occupe de sauver les chiens et les chats maltraités ou blessés dans la ville et ses alentours.
Nous allons au centre commercial, et chose assez incroyable c'est
la première fois que nous allons ensemble faire du shopping avec
Lucas. Autre chose incroyable, leur système de fondue au chocolat en
self service. Le principe est de payer au kilo, après avoir pris un
récipient de la taille voulue on le rempli de fruits, de
confiseries, de glace ou encore de gâteau et surtout de chocolat
fondu et chaud. J'ai l'impression de vivre un rêve de gosse et la
vendeuse souriait beaucoup, de ce genre de sourire que l'on fait
quand on se marre intérieurement. Il faut dire qu'avec mon
émerveillement et mes exclamations de surprise à l'intention de
Lucas à chaque découverte ainsi qu'avec ma tête de touriste, je devais
être comique. Toutes les bonnes choses ont une fin (ou une faim?)...
En tout cas je n'ai pas cessé de parler de ce délice de toute la
soirée.
Quand nous repartons de Marabá, le premier soir nous trouvons seulement
un motel, et nous découvrons les joies des lovehotel brésiliens. la
chambre est spacieuse et munie d'une barre de pôle dance, un énorme
miroir en guise de tête de lit, une carte pour de la nourriture et des
boissons et surtout d'une climatisation bloquée sur 16 degrés. Je ne sais pas pourquoi mais nous
n'avons pas osé appeler la réceptionniste pour changer la température et nous
avons passé la nuit dans nos sacs de couchage tellement il faisait
froid.
Le lendemain nous avançons de 200km encore grâce notamment au couple qui
nous avait déjà pris en stop quelques jours auparavant pour nous amener
à Novo Repartimento. Le monde est petit !
Une expression bizarre quand on voyage en stop et que les distances paraissent incommensurable.
Ce jour là ils nous emmènent directement à Araguaiana.
Il est tôt mais l'après-midi passe rapidement et ni stop ni hôtel ni
endroit pour bivouaquer ne se présente, on s'engueule et c'est un peu la
fin du monde. On marche dans un silence irrité et sans destination. Au bout d'une heure, tandis que le soleil se couchait, nous
arrivons à une station essence. Une grande. Nous nous rendons compte qu'elle est
plutôt pas mal... Elle possède comme un petit centre commerciale
dans un bâtiment en angle droit et ouvert sur deux côtés. Il y a deux
restaurants, une boutique de Acai, des sanitaires avec douche, des prises électriques et des
canapés. Il y a même des chambres d'hôtel à l'étage, mais il ne veulent
pas des chiens alors on décide de dormir sur les canapés vu que ca ne
dérange personne apparemment. On a récupéré le mot de passe du wifi de
l'hôtel alors nous avons internet également. Nous dormons bien car la station
est calme la nuit et nous décidons même d'y rester une nuit de plus
tellement nous y sommes bien ou bien tellement nous sommes épuisés, au
choix.
Ca fait 15 jours que nous sommes sur la route non stop. Et il faut dire
que les 4h de stop le matin n'ont rien donné et c'est fatiguant de se
faire balayer par les rafales de sable et de poussière mêlées que
soulèvent les nombreux camions qui passent.
Le lendemain nous repartons plus motivés qu'hier et au bout d'une heure
de marche sur le bord de la route nous atteignons un poste de contrôle
de la PRF (Policia Rodoviaria Federal, la police de la route).
Le stop ici fonctionne, miracle, un camion s'arrête. Comme
souvent, la cabine du routier est impeccable et tous entassés là, nous
sommes à la fois aux anges et très inquiet des poils qui vont s'y
répandre immanquablement. Il va jusqu'à Sao Paulo donc bien plus loin
que Palmas alors nous nous mettons à rêver d'arriver d'un seul coup à
notre destination finale. Le camion n'est pas du premier âge et nous
avançons doucement mais surement, surtout surement. L'inconfort des
secousses et du bruit sont des caresses tellement nous sommes contents
de voir la route défilée sans effort.
Malheureusement le bonheur est de courte durée, au bout de 100km un de
ses pneus usés jusqu'à la trame, éclate... Il nous laisse à une station
service tandis qu'il va rejoindre un endroit où il pourra réparer et
nous regardons repartir notre sauveur, un peu dépité. Ce soir là, un saut
de puce de 20 km nous emmène à la ville président Kennedy! et nous
sommes reçus royalement par un homme qui nous loue une grande chambre
avec wifi et eau chaude pour seulement 70 reals (un peu plus de 10
euros).
Le lendemain c'est la fin du périple (pénible ?) , un homme au volant
d'une fameuse luxueuse petite jeep s'arrête et nous emmène jusqu'à Palmas. Chose rare car nous sommes donc tous à l'intérieur, Roche à moitié sur les sièges en cuir. Finalement, nous n'aurions pas mis plus de temps que si le camion n'était pas tombé en panne.
La fatigue qui ne me quittait pas depuis quelques jours m'est tombé
dessus en cette fin d'après-midi et dans la voiture j'avais mal partout
et des frissons, heureusement que nous arrivions ce soir. La boucle est bouclé, partie malade, j'arrive malade également. À Palmas, on
cherche un hôtel pour y rester quelques jours...
Prochain article sur la ville de Palmas!
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